[FR - Juin 2009] The All-American rejects clame sa caution rock.

Le groupe All American Rejects a torpillé l'hégémonie habituelle du Billboard avec un son pop-rock mainstream, pour se glisser, avec notamment Gives You Hell, entre les derniers tubes R&B qui font d'habitude la loi au sommet du classement. Interview de Nick Wheeler (fondateur et guitariste) et Chris Gaylor (le batteur), qui insistent sur «leur bon vieux rock».

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Ouf, le bon groupe. Dans les moulinettes à clips de la TNT, il est fort possible que vous soyez déjà tombés sur le single à succès des All American Rejects, «Gives You Hell», dans lequel le chanteur Tyson Ritter a droit à tous les égards de la caméra. Le beau gosse du groupe sera, pour l'anecdote, le prochain mannequin de la marque Hugo Boss. Encore à Paris après un passage au Trabendo, le 11 Juin dernier, les lurons de l'Oklahoma se sont partagés en deux groupes pour la presse : d'un côté, Tyson Ritter, donc, accompagné de Mike Kennerty (guitariste) ; et de l'autre, Nick Wheeler et Chris Gaylor. Pas de Tyson mais, en même temps, comme nous le confie l'une des attachées de presse, dans le hall du Crowne Plazza, «vous avez de la chance, parce qu'il vient de se lever, et qu'il risque de ne pas beaucoup parler. Avec Nick, vous êtes dans le bon groupe».

Wheeler soigne sa com'. On arrive donc dans l'une des chambres, et on observe les deux compères signer des autographes à deux journalistes qui nous précédent. Ils ne sont pas du tout au diapason niveau look : Gaylor porte une barbe de plusieurs jours mal rasée, ensemble short T-shirt et yeux fraîchement réveillés. En revanche, Wheeler est bien fringué, bien coiffé et d'humeur affable. Ce n'est par hasard qu'il est l'un des deux fondateurs du groupe : c'est un excellent communiquant qui sait parfaitement ramener les questions du journaliste vers l'actualité du groupe. Quand on leur demande, par exemple, s'ils estiment qu'on peut encore faire de la bonne musique pop, Chris Gaylor répond spontanément que The Cardigans font de l'excellente musique ... alors que son acolyte de promo reprend aussitôt la main : «Oui, et ce qu'il faut bien garder à l'esprit, c'est qu'il faut venir nous voir en live pour vraiment saisir et apprécier ce qu'on fait. Ca sonne différent des versions en radio. La musique pop-rock, quand on était jeune, c'était Deff Leppard ou Bon Jovi».

Projection limitée. Même si When The World Comes Down est déjà leur troisième album, on sent que le succès est encore tout récent, quand ils évoquent leur futur qu'il n'arrive pas à imaginer. «Très franchement, on n'a absolument aucune idée de là où en sera dans 10 ans», s'interrogent-ils en chœur. «Et, en prime, on ne nous reconnaît pas dans la rue, sauf quand on est tous les 4 ensemble ... parce que les gens en déduise qu'on est un groupe».

Teen Rock sucks. N'empêche que lorsqu'on évoque ensemble les groupes de teen rock qui ont un succès monstre tout autour du globe, on sent que les Américains sont dans une mouvance du C'était mieux avant : «Quand j'étais plus jeune, même s'il y avait déjà des boys band, il y avait quand même au moins des groupes comme Run DMC qui faisaient de la super bonne musique, nous dit Chris Gaylor. Les Jonas Brothers, c'est pire que les New Kids On The Block, c'est vraiment de la merde», ajoute t-il hilare.

Drink Milk, Kiss & The Calling. Et c'est le moment où on gaffe un peu en faisant le parallèle avec la fameuse et aseptisée campagne de publicité Drink Milk. Sourire gêné : «Euh, en fait on l'a fait nous aussi». Ce qui est amusant, c'est l'empressement avec lequel Nick se justifie, en expliquant que des groupes comme Aerosmith ou Kiss avaient également participé dans le passé à cette pub. Comme s'il avait peur qu'on lui retire d'un coup la caution rock de sa musique. D'une certaine manière, ce bref épisode reflète la difficulté aujourd'hui d'être une rock star pour le grand public : même s'ils estiment faire «du bon vieux rock», le dernier album des All American Rejects drague en fait un public adolescent, adulescent tout au plus, un peu à la manière du groupe The Calling au début des années 2000, qui faisait un tabac dans les cours des lycées.